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Non loin de la Forêt Noire se trouvait la seconde habitation de la famille du Prince-électeur de Saxe. Sur toute le largeur de la propriété régnait un mur surmonté, de distance en distance, de vases de fleurs et coupé au milieu par une grande grille aux lances dorées qui servait aux entrées d'apparat. Des massifs de plantes grimpantes s'élargissant en éventail devant les fenêtres, cachait à la cour et au jardin l'intérieur des pièces du rez-de-chaussée ou pussent pénétrer les regards indiscrets des paysans.

La salle à manger, entièrement boisé, était jadis peinte en une couleur indistincte aujourd'hui, qui formait un fond sur lequel la crasse y avait imprimé différentes couches. La cheminée de pierre, dont le foyer toujours propre attestait que la tenancière n'y allumait de feu qu'en de rares occasions, était ornée d'un renard empaillé, vieux et poussiéreux qui accompagnait une pendule bleuâtre du plus mauvais goût. Pourtant, malgré la décoration tapageuse et l'odeur rance qui flottait dans les pièces, des curieux venaient de tous le Saint-Empire pour gouter la spécialité de la maison... Au grand plaisir de la tenancière !

La masse noire des arbres se profilait sur un ciel orageux envahi par de gros nuages d'étain fondu qui faisait un espèce de crépuscule au milieu de la nuit. Au centre d'une clairière s'élevait une vieille église abandonnée dans les ruines de laquelle une chouette faisait entendre son cri aigu et monotone. Au reste, un silence de mort écrasait toute la nature. Le sol était humide et glissant de la pluie qui venait de tomber, et les herbes ranimées jetaient leur parfum avec plus d'énergie.