Le domestique s'inclina et fit signe aux invités d'entrer. Ils traversèrent deux pièces meublées avec un luxe qu'ils s'attendaient à trouver dans la demeure d'un prince électeur, puis arrivèrent dans un salon à l'élégance parfaite. Un tapis de Turquie était tendu sur le parquet et les meubles les plus confortables offraient leurs coussins rebondis et leurs dossiers renversés. De magnifiques tableaux de maîtres, entremêlés de trophées d'armes splendides étaient suspendus aux murs, et de grandes tapisseries flottaient devant les portes.

L'encens y répendait une odeur fine de résine et d'herbes. Un flot de soleil entrait par l'immense porte ouverte, éclairant les chaises en bordure, le long de la nef centrale. Dans le chœur qui semblait un peu sombre, l'autel couvert de cierges faisait une clarté un peu jaune, humble et pâle en face du trou de lumière de la grande porte.

Quais – Ponts – Bateaux et embarcations

C'était un de ces soirs d'été où l'air manquait dans Dresden. La ville, bouillonnante, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les boutiques, pleines de monde, débordaient sur les trottoirs, étalant leur clientèle sous la lumière des falots. Autour d'eux, un flot de passants allaient d'un pas accablé, les front nu et le chapeau à la main.

Nul quartier de Dresden n'était plus horrible ni, disons-le, plus inconnu. L'homme le plus insouciant s'y attristait comme tous les passants, le bruit d'un fiacre y devenait un événement, les maisons y étaient mornes et les rues y sentaient la prison. Un passant égaré n'y verrait que de la misère ou de l'ennui, la vieillesse qui meurt et la joyeuse jeunesse contrainte à travailler.